Coopérons pour inventer une nouvelle voie politique

Dans le paysage politique agité à l’approche de l’élection présidentielle, une idée est en train de germer : celle d’une « alliance » entre les quelques candidat.e.s qui ont compris que nous vivons une mutation sociétale majeure. Ceux qui ont compris que si nous devions échouer à préparer cette transition avec clairvoyance et à permettre un sursaut, nous la subirons tous avec les implications dramatiques qu’elle peut avoir. Cette idée de coopération – récemment évoquée dans un article signé Pascal Greboval, rédacteur en chef du magazine Kaizen – mon équipe et moi y souscrivons. Il nous semble urgent de remplacer les clivages, parfois stériles, souvent incompréhensibles par la majorité des électeurs, par une dynamique de synergie fertile. Démontrer que nous savons unir nos talents et œuvrer avec conviction, au-delà des conformismes périmés et des quêtes personnelles. Démontrer que l’élection présidentielle n’est pas l’élection d’un homme providentiel,

 

À situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle.

Renouveler la méthode politique est impératif car l’ancien mode opératoire ne fonctionne plus. Car la confiance n’est plus là. Preuve en est que les derniers évènements politiques  se lisent plus par les rejets successifs que par l’adhésion.  Nous atteignons les limites politiques, sociales, humaines, écologiques, sanitaires et éthiques qui assurent la cohésion et la soutenabilité d’une société.

Il y a une urgence démocratique à proposer un projet nouveau, en lien direct avec les attentes des Françaises et des Français et bien au-delà, construit de façon transparente, méthodique et avec la société civile qui invente déjà ce futur partout dans notre pays.

C’est un appel à une coopération fructueuse entre candidats porteurs de valeurs humanistes. Nous joignons avec enthousiasme notre appel au sien, bien que conscients que tant le monde politique que les militants pourraient, au premier abord, juger la démarche irréaliste. Pourtant beaucoup d’électeurs appellent de leurs vœux une voie différente, citoyenne, avant-gardiste ! Nous voulons voter Pour, sans calculs et sans arrière pensée. Il est temps de secouer les habitudes, de bousculer les certitudes. Le monde à venir est incertain, nous entrons dans une zone de turbulences inédite à laquelle les politiques « classiques » sont inaptes à nous préparer sérieusement ; réagissons ! Montrons que nous pouvons faire de la politique autrement et se mettre en capacité d’avancer dans le XXIe siècle. L’enjeu justifie l’audace.

 

Alors, nous appelons de nos voeux que les candidat.e.s qui se reconnaissent dans l’appel Changeons de Voie, changeons de Vie lancé récemment par Edgar Morin se réunissent, avec énergie et bienveillance, pour mettre en commun nos forces vives et de co-élaborer un projet dans un esprit d’ouverture constructif, rationnel et respectueux. La question du/de la « candidat-e officiel-le » est une question, bien qu’importante, secondaire ; Pascal Greboval suggère que je sois la « tête de gondole » et propose aux autres candidats de se rallier derrière moi : j’en suis flattée et l’en remercie… mais ce ne devrait pas être, le point focal du débat . Le choix du ou de la président-e de transition (qui présidera le temps d’instaurer une nouvelle forme démocratique, construire par et pour le peuple) peut se faire, dans un second temps via le jugement majoritaire.

Il est surtout et avant tout essentiel que cette alliance se fasse en pleine lumière, en pleine transparence. Les négociations secrètes, les accords opaques contribuent à la défiance généralisée envers la politique.

Il est surtout et avant tout essentiel que nous affirmions les valeurs d’un projet de société qui nous rassemble.

La source de mon engagement est le projet d’une société équilibrée, éthique, fraternelle et tournée vers l’avenir. Le moteur qui nous anime, avec les milliers de personnes qui ont participé au processus de LaPrimaire.org, est de construire ce projet en sortant des clivages partisans et des jeux d’alliances du siècle dernier. Nous voulons construire collectivement  ce projet en regardant l’avenir en face, et non pas en se projetant dans des prolongations illusoires du modèle socio-économique tel qu’il existe aujourd’hui. Contrairement à ce qui nous est répété, l’utopie consiste à croire que la tendance peut être maintenue et le pessimisme consiste à penser que ce monde peut continuer sans changement profond ; le pragmatisme et l’optimisme, eux, résident dans l’élaboration collective d’une vision du monde novatrice, réaliste car non dogmatique, responsable car lucide, désirable car fraternelle.

Faisons la démonstration qu’un projet à la hauteur de cet enjeu peut être incarné et matérialisé, et posons de nouvelles perspectives pour un avenir viable et enviable pour tous. Démontrons que nous comprenons l’immensité de l’effort de réinvention à fournir : agir en responsabilité requiert de coopérer, afin d’éviter de diviser les seules forces politiques aptes à fournir des réponses durables à une société en voie de délitement et en quête de sens. Donc oui, coopérons, consœurs et confrères candidat-e-s ! Faisons front uni contre les projets mortifères, dépassons les divergences secondaires et regroupons derrière les convergences nos énergies, nos convictions, nos compétences et nos ambitions pour la France et pour le monde. Proposons un grand projet commun plus fort qu’une somme de projets disjoints, stimulons nos concitoyens d’espoirs enfin réalistes, et ébranlons de façon salutaire ce système verrouillé par quelques puissants agrippés à leurs privilèges : ensemble, nous avons les clefs d’un renouveau vital, d’une reconstruction de la société ; ensemble nous pouvons poser les fondations d’une révolution douce qui soit rigoureuse sur le plan économique, écologiquement soutenable et génératrice de conditions d’épanouissement pour chacune et chacun.

 

Une révolution démocratique.

Le système politique actuel privilégie l’accession au sommet de l’État d’une élite politicienne présélectionnée pour nous par une minorité influente. Par la mise en symbiose de nos forces nous avons la possibilité extraordinaire, et plus que jamais indispensable, de prouver aux Françaises et aux Français que l’exercice du pouvoir est une charge qui nécessite d’une part une lucidité au-delà des doctrines de la pensée politique ordinaire et d’autre part une volonté de se mettre au service de l’intérêt du plus grand nombre. Face aux « people » de la politique-spectacle et aux obsessionnels de la conquête du pouvoir, il nous appartient de proposer une coalition d’une portée et d’une puissance inédites, et de nous mettre ensemble au service de valeurs communes, d’une vision et d’une approche partagées, d’un projet de société visionnaire pour la France et l’avenir collectif. Nous avons d’ailleurs une responsabilité inédite : les candidats traditionnels ne sont pas assez crédibles ni fiables aux yeux des électeurs pour enrayer le danger du Front National  qui  peut être la dernière phase «  dégagiste » de citoyens désespérés .

Les graines des meilleurs lendemains peuvent prendre racine dans cette brèche politique qui se profile. Si tous les candidats concernés par cet appel s’animent d’une volonté commune, alors nous saurons nous mettre d’accord sur des règles méthodologiques simples permettant d’assurer que la recherche de l’intérêt général durable prime systématiquement sur les egos respectifs ; et si nous savons faire preuve de ténacité et de professionnalisme, nous transcenderons nos dissemblances et en ferons des atouts plutôt que des faiblesses : je suis certaine que l’utopie peut alors se concrétiser.

Cette innovation démocratique a une capacité concrète à produire une société souhaitable et adaptée aux nouveaux défis comme aux nouvelles opportunités d’un monde en mutation rapide. Nous pouvons changer le monde !
Au plaisir, donc, de travailler ensemble avec ambition et humilité pour avancer d’une même conviction dans ce grand projet de nouvelles voies, de nouvelles vies.

Tribune publiée dans Kaizen, le 30/01/2017